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dimanche 24 décembre 2017

Pierre Debauche 1930-2017

 Un jour de décembre 1993, Agen.
-Que pensez-vous trouver en venant ici, dans cette académie?
-A orienter ma vie...à me former, me rencontrer, me discipliner...pour m'évader.
-On cherche à s'évader quand on est ou se sent privé de liberté...vous êtes bien jeune et ne semblez pas entravé de quelque manière que ce soit?
-Aux âmes bien nées, la liberté n'attend pas le nombre des années!

Cher Pierre,
Je n'ai pas pu parler trop longtemps, lors de notre dernière entrevue en juillet 2016 à l'occasion d'une projection de la captation par Raoul Sangla de ce formidable Roi Lear dont vous incarniez la grandeur & décadence, dix ans plus tôt.
Les mots ne venaient pas ou plus...
J'ai eu un sentiment bizarre en voyant sur l'écran, le comédien qui me fascine depuis que je suis rentré dans votre école puis compagnie & l'homme engoncé dans un fauteuil trop capitonné...trop accueillant...trop écarlate. Dix années cruelles étaient passées.
La camarde faisait son lit...tirant vers le sol, les Hommes droits, l'homme qui marche.
Je me souviens alors avec délectation de ces minces banquettes et chaises de pailles, où nos aimables fesses de spectateurs du Théâtre du Jour, oubliaient leurs peines tant le spectacle était pur, frontal & apaisant. Nous nous tenions droits dans nos colonnes vertébrales, les sens en éveil, disponibles pour le bon pain que l'on partageait.
Pierre, janvier 2014, Théâtre du Jour, soleil & projos à égalité.
Françoise Danell, à qui je pense fort en ce moment, était bien sûr présente, à votre écoute, à vous aider pour vous déplacer...pour vous rassembler. Les fidèles Robert Angebaud et Philippe Violanti étaient à vos côtés, solides soutiens. J'aurais voulu vous dire simplement que je vous dois tant...autant sinon plus que ce que je dois à mes parents.
Vous avez ouvert tant de portes que je croyais murs...à moi comme à tant d'autres.
Je suis triste maintenant et je pleure sur mon clavier.
Mais ne faut il pas faire-son-deuil comme on dit...
Je pleure votre disparition physique.
Pour le reste, ma bibliothèque est fournie, mes souvenirs aussi.
J'espère que vous n'avez pas souffert & que cette mort fut délivrance si tel fut le cas.
Cher Pierre, je vous embrasse & vous relâche...
Stan.