Recherche dans les pages par mots-clés...?

mardi 31 mars 2009

Nuit de l'Iguane à Bobigny

Lever de rideau, hier à la Maison de la Culture de Bobigny (bunker de la pensée parmi les temples de la consommation, Block-Hôtel de Ville du 9 cube & autres parking de la résignation) sur cette pièce tardive mais urgente de Tennessee Williams.
Installé au troisième rang, j’eu la nette sensation de mouvance, de glissement, d’être juché pour être transporté…à juste titre puisque le gradinage de ce vertigineux théâtre, sans doute mobile, se calait au fur et à mesure de son remplissage en fonction du poids de spectateurs…demi jauge ce soir là. Lever de rideau donc & transport assuré sous l’équateur avec cette scénographie splendide de Jean-Pierre Vergier, au chiffre exacte de ce plateau immense. Entrée de Shannon, costume de lin froissé & cheveux de crin blancs, on sent maintenant l’écrasante moiteur de ce Costa Verde qu’épaissi encore plus le klaxon de ce bus, immobilisé par volonté de l’irlandais, entre jungle hostile et mer trop calme pour être rassurante… le groupe de jeunes texanes encadré par l’efficace Mademoiselle Fellowes (Anne Benoît-époumonante) & dont Shannon (Tchéky Karyo-halluciné) était le guide depuis les Etats-Unis, va tenter de se défaire de ce lien instable, et elles y réussiront avec l’aide de complices connaissant l’homme, ancien alcoolique hanté par un spectre (sa propre définition, donc assumé) et dont la nécessité de fuir devient celle de rester, chez une amie hôtelière…depuis peu veuve (Astrid Bas incarne cette Maxine avec un aplomb incroyable), et qui trouve dans les solides bras de ses gaillards d’employés, un réconfort à sa situation pas si enviable.
Et ce havre de paix attirera naturellement d’autres êtres en équilibre ou tout comme. La famille allemande
(Excellents!!) dans son régulier défilé-chanté, démonstration de discipline et de supériorité, est risible mais impressionne cependant les hôtes du gîte…nous sommes en 1940 et la place est encore vierge des tumultes nazis. Un vieux poète & sa petite fille, sans-le-sous gracieux & charmants, déboulent avec leur voiture à deux roues (Voir Pierre dans ce siège, claudiquer sur scène voire y mourir m'a fait un coup, mais c'était pour-de-rire...) Hannah séduira Shannon dès la première confrontation & l'irlandais sera immédiatement sous le charme (comment résister à Dominique Reymond, "fantastique" comédienne!), délaissant enfin ses coupables vices...

Nous fûment transporté assurément, lors de cette représentation. Transport physique avec cet équateur à deux pas. Transport amoureux avec ces troublantes créatures à l'assaut des "Shannon" que nous sommes parfois. Transport métaphysique enfin, avec ce poète (Pierre Debauche-Nonno, irradiant faut-il le préciser) & cet iguane dont les liens rompus les délivreront du mal, les apaiseront & les livreront à leur propre fatalité...la terre pour le reptile, l'au-delà pour le vieillard...
PS J'ai eu une pensée pour ma p'tite soeur Coralie qui se trouve justement au Mexique pour quelques semaines encore...une nouvelle coïncidence relevée ici! Amistad Co!!

(Photo Pidz)

Aucun commentaire: